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23 janvier 2012 1 23 /01 /janvier /2012 07:11

Diethelm, P. Walther, Le plus beau cadeau

 

Un bébé était arrivé pen­dant la nuit chez les voi­sins Dupré. Le matin, il était là, tout sim­ple­ment cou­ché dans le ber­ceau. Il avait un mignon petit nez et des doigts si minus­cules qu’il pou­vait en por­ter plu­sieurs à la fois à la bouche.

Le bébé dor­mait et ne s’occupait nul­le­ment des gens qui l’entouraient. Ce n’était au fond pas bien poli ; et, les six enfants Dupré avaient l’air bien déçus. Ils auraient tant voulu saluer leur petit frère.

Papa leur expli­qua qu’il ne fal­lait pas prendre cela comme une offense, que le petit enfant, ayant eu un long che­min à par­cou­rir pour leur arri­ver, était fati­gué, et que main­te­nant il vou­lait dormir.

 

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Cha­cun fut satis­fait de cette expli­ca­tion ; même, les enfants se mirent à par­ler tout bas pour ne pas empê­cher le nou­veau frère de dor­mir. Quand la nurse arriva et com­manda à toute la petite com­pa­gnie de sor­tir, elle obéit sage­ment et se retira aus­si­tôt, dans la chambre de famille, où, natu­rel­le­ment, la conver­sa­tion conti­nua à voix basse. Il s’agissait avant tout de savoir quel nom on don­ne­rait au petit frère. Les uns vou­laient l’appeler Fran­cis, car ils avaient déjà eu un Fran­cis, mais le Bon Dieu était venu le cher­cher. Les autres vou­laient lui don­ner le nom de Robert ; le grand-​père s’appelait ainsi. Fina­le­ment, papa mit fin à ces dis­cus­sions en disant : « Claude sera son nom : son oncle et par­rain s’appelle ainsi ».

 

* * *

 

Quelqu’un frappa à la porte. C’était Mariette, la petite voi­sine, qui pas­sait la tête par l’entrebâillement de la porte et deman­dait si elle osait aussi entrer. Elle avait entendu par­ler d’un nou­veau petit frère et elle aime­rait tel­le­ment le voir.

Natu­rel­le­ment, elle put entrer ; comme elle n’avait pas de frères et sœurs pour jouer avec elle, les enfants Dupré la consi­dé­raient comme de la maison.

Pour faire plai­sir à Mariette, papa ouvrit la porte de la chambre. Les enfants s’approchèrent sur la pointe des pieds et se grou­pèrent gen­ti­ment autour du ber­ceau où était cou­ché le petit Claude. Ils étaient fiers de pré­sen­ter leur nou­veau petit frère ! René expli­qua même tout bas : « Tu sais, Mariette, il doit dor­mir main­te­nant, il a fait un si long che­min pour venir jusqu’à nous ; c’est pour cela que nous n’avons pas encore pu lui dire bonjour ».

Le petit Claude dor­mait et n’avait pas l’air de tenir beau­coup à faire connais­sance avec ses frères et sœurs. Sans doute, trouvait-​il qu’il lui res­te­rait bien assez de temps pour cela, car il n’avait pas l’intention de retour­ner si vite chez le Bon Dieu ; au contraire, il sem­blait vou­loir s’installer pour long­temps sur cette terre.

De retour dans sa famille, Mariette en eut long a raconter.

« Maman, dit-​elle tout à coup, les Dupré avaient déjà six enfants, et main­te­nant ils en reçoivent encore un, cela fait sept. Et chez nous, il n’y a que moi ! Pour­quoi les Dupré… ont-​ils encore un enfant ? Ils en ont bien assez ! Le Bon Dieu aurait pu le savoir et nous le don­ner à nous, ce petit. Je lui aurais bien cédé la voi­ture de pou­pée que saint Nico­las m’a appor­tée ; elle est assez grande pour lui, il est si petit ! »

En enten­dant par­ler Mariette, la maman sou­riait, tout émue. Elle-​même avait pensé presque la même chose. Depuis si long­temps elle sou­hai­tait un petit frère à sa Mariette.

« Mariette, dit-​elle pour conso­ler la petite et en-​même temps pour se conso­ler elle-​même, le Bon Dieu donne les petits enfants à qui il veut, et comme il veut ; on ne peut que le prier, et rien de plus, pour en obte­nir un. Peut-​être ne le lui as-​tu pas dit assez aima­ble­ment et assez fort que tu dési­rais un petit frère. Ainsi il n’a pas frappé à la bonne porte ».

 

* * *

 

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Il se trouva que la classe de Mariette put assis­ter au bap­tême du petit Claude, parce que M. le Vicaire leur avait jus­te­ment expli­qué le sacre­ment de bap­tême au caté­chisme. Tous se ras­sem­blèrent autour de cet enfant de la terre qui allait deve­nir un enfant de Dieu. Pleins de res­pect, ils obser­vèrent com­ment le prêtre tra­çait le pre­mier signe de croix sur le front et sur la poi­trine du bébé. Ils le virent mettre un peu de sel dans la bouche du petit Claude, « le sel de la sagesse », comme le prêtre l’appelait. Le petit tor­dit un peu la bouche, puis il se remit à dor­mir comme il l’avait tou­jours fait jusque là. Les enfants accom­pa­gnèrent le bébé dans l’église, où, avec le par­rain et la mar­raine, ils réci­tèrent le Notre Père et le Credo. Du pre­mier banc, ils sui­virent atten­ti­ve­ment chaque céré­mo­nie. Ils virent com­ment se fai­saient les onc­tions avec l’huile sainte ; com­ment l’eau du bap­tême était ver­sée sur la petite tête. Ils se tenaient sur la pointe des pieds pour ne perdre aucun geste du prêtre, sachant com­bien le bap­tême est impor­tant. Ils savaient bien que sans bap­tême on n’est rien devant le Bon Dieu. En effet, on ne peut même pas rece­voir un autre sacre­ment avant d’avoir été baptisé.

Celui qui n’aurait rien vu de ce saint acte, aurait au moins pu en entendre quelque chose. Claude, le nou­veau chré­tien, s’était mis à crier de toutes ses forces. Il ne parais­sait pas du tout enchanté de rece­voir cette eau. Le pou­pon pleu­rait encore même après que sa petite tête eut été séchée avec de la ouate. La céré­mo­nie ter­mi­née, le par­rain et la mar­raine sor­tirent de l’église avec leur pro­tégé. René les sui­vait de tout près, por­tant le cierge bap­tis­mal, trop lourd pour les menottes de son petit frère nouveau-​baptisé.

Après le bap­tême, Mariette atten­dit M. le Vicaire devant la sacris­tie. Quand il sor­tit, elle lui donna la main en lui disant : « M. le vicaire, j’aimerais aussi un petit frère. Maman a dit qu’il fal­lait le com­man­der au Bon Dieu. Je l’ai fait déjà sou­vent, mais il ne m’a pas écou­tée ; il a envoyé le bébé chez les Dupré. Peut-​être saurez-​vous mieux pré­sen­ter mon désir au Bon Dieu ; chaque jour vous êtes si près de Jésus pen­dant la sainte messe. S’il vous plaît, deman­dez au Bon Dieu de m’exaucer ; n’oubliez pas la bonne adresse : Mariette Oli­vey, Rue Haute 15.»

 

* * *

 

Mariette ne remar­qua pas le sou­rire de M. le Vicaire ; elle était tout oreilles pour écou­ter sa réponse et se deman­dait si M. le Vicaire avait bien tout com­pris et s’il ferait bien la commission.

« Bien, Mariette ! dit M. le Vicaire. Je pré­sen­te­rai à Jésus ta requête. Mais je ne peux pas te pro­mettre qu’il fera selon ton désir. Il me vient une idée : peut-​être Jésus ne veut-​il pas te don­ner un petit frère, parce que c’est Jésus lui-​même qui veut être ton petit frère. Tu sais, ma petite, qu’il s’est fait enfant pour des­cendre sur la terre le jour de Noël. S’il est si pauvre et si petit, c’est pour pou­voir dire à tous les hommes, grands et petits : « Je veux être votre frère ! » Mariette, main­te­nant que tu te pré­pares à ta pre­mière com­mu­nion, tu devrais sou­vent pen­ser à cela et aller tous les jours rendre visite à Jésus à l’église. Ainsi chaque fois que tu aime­rais jouer avec un petit frère, va chez lui et dis-​lui que tu l’aimes bien. Le jour de ta pre­mière com­mu­nion, il vien­dra dans ton cœur, et ce divin petit frère te don­nera cette joie non seule­ment une fois, mais chaque fois que tu iras com­mu­nier plus tard. »

 

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Mariette est ren­trée toute pen­sive. Elle a froncé les sour­cils comme une grande qui doit beau­coup réflé­chir. Jésus est mon frère ?… C’est magni­fique !… C’est encore plus beau que d’avoir le plus cher petit frère dans le ber­ceau à la mai­son… Mariette se sent heureuse.

 

* * *

 

« M. le Vicaire, regar­dez ce que j’ai trouvé dans la crèche hier soir », dit le sacris­tain, le len­de­main matin, à la sacris­tie. Et il lui ten­dit une grande pou­pée toute neuve. Heu­reu­se­ment, la porte de la sacris­tie était fer­mée, sinon, dans l’église on aurait entendu M. le Vicaire rire tout fort. — Que c’était amu­sant, cette pou­pée que quelqu’un avait mise dans la crèche avec l’enfant Jésus ! — « Voyez, il y avait encore un billet sur lequel est écrit en grandes lettres : Pour Jésus le petit frère ! C’est une enfant de la pre­mière ou de la deuxième classe qui doit l’avoir écrit. »

M. le Vicaire eut vite trouvé la clef du mys­tère : per­sonne d’autre que Mariette n’a pu faire cela, pense-​t-​il. Elle a voulu faire cadeau à l’enfant Jésus de ce qui lui était le plus cher, afin de réjouir son petit frère divin.

Natu­rel­le­ment, on ne remit pas la pou­pée dans la crèche à l’église. Jésus n’aurait su qu’en faire ; l’amour de Mariette lui suf­fi­sait. Une pou­pée dans la crèche ! … que diraient les per­sonnes venant à l’église ? … Elles ne pou­vaient savoir ce qu’une petite fille avait voulu don­ner et dire à l’enfant Jésus en lui appor­tant sa poupée.

 

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Trouvé sur le site "Maintenant une histoire"

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commentaires

L
Bonjour,<br /> Je suis très heureux que vous ayez repris ce beau texte que j'ai mis en ligne.<br /> <br /> Ci-joint l'adresse direct du site Et maintenant une histoire<br /> <br /> Amicalement<br /> <br /> Le raconteur
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